"Up above the world I fly, like a tea tray in the sky"

Bienvenue dans mon humble demeure. Essuyez-vous les pieds en sortant.

dimanche, janvier 25, 2009

Spectre de la lumière blanche

Une nuit, il y a plusieurs semaines de cela, j'ai rêvé. Oui, j'ai rêvé. Une longue plage de sable plus grossier que fin. A mes côtés, un ami non identifiable. Sur la plage des rangées de gens allongés. En guise de trous rouge au côtés droit, la gorge tranchée. Des dizaines de gens égorgés allongés en bancs de sardine sur la plage.

Un peu plus tard il y avait cet escalier de bois en colimaçon que je descendais, et ce fatalisme qui s'était emparé de moi à cet instant. Cet escalier qui débouche sur une petite pièce carrelée avec six portes donnant elles-aussi sur d'autres escaliers en colimaçon.

Dans ce rêve il y avait aussi une interview de la réalisatrice du film biographique sur Barack Obama, des tapis roulants démesurés (avec Barack Obama dessus, ou plutôt l'acteur qui le jouait, qui lui ressemblait comme deux goutes d'eau d'ailleurs, comme de par hasard), dans une grande salle semblable à un hangar (la réalisatrice expliquait alors qu'elle avait souhaité conserver un aspect expérimental à son film même si c'était un biopic), les tapis roulants faisaient le tour de la salle, montaient et descendaient, j'étais dans le filmm à ce moment-là, très chouette, avec des zooms et tout.

Bon, pourquoi pas hein.

La nuit dernière, j'ai rêvé de nouveau. Je suis à un séminaire avec trois ou quatre autres étudiants, et nous attendons notre professeur. La salle est plutôt banale, un peu comme une salle de classe de maternelle mais pas trop quand même faut pas pousser. Et puis le professeur entre. Ah oui c'est un séminaire, mais je ne sais plus sur quoi. Le prof a la soixantaine, de taille moyenne, les cheveux dégarnis et blancs, ni svelte ni ventripotent, en chemise blanche si je me rappelle bien. Ce qui frappe chez lui - enfin ce qui m'a frappé - c'est son air fier voire arrogant, brillant sans être pédant, mais un peu j'me trouve super intelligent quand même. Et là il nous donne un questionnaire de trois pages à remplir. Un questionnaire? Oui mais pas n'importe quel questionnaire! Alors que mes collègues y répondent apparemment sans trop de problème, je n'y arrive pas du tout, mais sans que cela me fasse stresser le moins du monde. Le questionnaire consiste en de courtes questions illustrées d'images en noir et blanc qui appellent principalement à des associations d'idées bizarres et incompréhensibles, une sorte de logique de Chapelier Fou ou de Lièvre de Mars sous amphétamines. Pendant que les autres écrivent, moi j'essaie aussi mais rien à faire, je n'y parviens pas.

La scène suivante, j'entre dans une grande cour bordée d'arcades, comme un grand cloître de monastère. Des dizaines d'élèves se tiennent là, comment dire, certains debout, d'autres dans les airs, et tous sont plus ou moins liés aux autres comme dans ces jeux fameux dits de présentation ou chacun se présente (normal) avant d'envoyer la pelote de laine dans les mains de quelqu'un, tout en ayant pris soin précédemment de tenir le fil de laine dans l'autre main. 'fin vous comprenez l'idée. Quelque part à ma gauche, le professeur, toujours imperturbable, agaçant, le sourire aux lèvres. Les étudiants présents sont liés entre eux par les réponses du questionnaire, c'est vachement compliqué de décrire un rêve en fait merde alors.

Chose étrange, le mystérieux professeur ne s'est jamais départi de son rictus vaguement ironique de tout le rêve, il n'a jamais prononcé le moindre mot.

Je ne sais pas ce que je dois en penser, mais c'est pas trop grave car je suis fatigué.

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vendredi, janvier 23, 2009

Tout n'est pas fini non, tout n'est pas fini.


E.H.E.S.S., 54 bd Raspail, vendredi matin. L'humeur est à la fête. Nous venons de découvrir la cafétéria du 54. Jusqu'ici, elle n'était qu'une vague légende, une belle histoire que l'on racontait aux enfants le soir pour qu'ils rejoignent les bras de Morphée, des étoiles plein les yeux. Mais nous l'avons découverte, après des semaines et des semaines de recherches infructueuses, quelque part au détour d'un couloir, ou était-ce un escalier, cage d'ascenseur ou porte plus ou moins dérobée, à l'abri des regards indiscrets. Sous nos yeux émerveillés, des sandwiches à 2€50, des tables entourées de chaises, des cafés à 0.8€; une atmosphère indescriptible de douce sérénité flottant dans l'air. Nous avons trouvé notre St Graal, le sens de toute une vie se tient à nos pieds, là devant nos yeux nos yeux ébahis. Mais il est 11h30, et déjà le cuisinier doit fermer. La trentaine bien frappée, regard d'airain, un homme qui en a vu d'autre, même s'il ne paie pas forcément de mine. D'un ton de conspirateur, il nous glisse qu'il vend aussi des parts de tartiflette maison pour 3€. La sueur perle à son front. Il parait inquiet, aux aguets. D'autres informations confidentielles fusent : la semaine prochaine il fera des sandwiches au poulet roti. Je soupçonne quelque chose. Il n'en dira pas plus. Nous quittons la cafétéria avec un étrange pressentiment. Quelque chose se trame, mais on ne sait pas quoi.

Le mot "uchronie" est absent de mon Petit Robert de 1984. Et le mot "populisme" n'est défini que selon une visée littéraire, non politique. De là découle un océan de possibilités. Un navire prisonnier des glaces, des sandwiches au poulet rôti, la victoire définitive de Robin des Bois, une chevauchée de cavaliers tartares, sabres au vent et regards noirs.

Le reste flotte vaguement dans un semblant de grisaille, humeurs fluctuantes, alors je marche au plafond en attendant un hypothétique retrait sans condition des lois gravitationnelles.

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lundi, janvier 19, 2009

Pourvu que tout s'écroule

Je vous écris en coup de vent pour vous présenter ma dernière trouvaille vocabularistique. J'ai en effet consacré les deux dernières semaines à étudier le dictionnaire - Petit Robert édition 1984, un bon cru - travail ô combien enrichissant. Mais trêves de diggressions futiles, en voici un beau pléonasme, ça commence bien, je disais donc trêves de diggressions, allons droit au but et sans plus attendre, ah tiens c'est marrant j'aurais juré que le mot "digression" prenait deux "g" et bien non en fait.

Ah oui je voulais vous parler d'un mot, un mot qui en vaut deux, même trois, enfin ça dépend lesquels nous sommes d'accord. Le mot en question, c'est "épatamment", eh oui ça claque c'est radical.

[Début de la notice biographique]

Né en 1866 d'Epatant et d'Epatante, Epatamment passe une enfance heureuse bien que parfois difficile à l'école où Kevin ne fait rien d'autre que de le traiter de "hippopotament", plaisanterie douloureuse pour Epatamment, mais comme Dieu est bon, Kevin n'aura jamais eu son bac et il s'engagera dans l'armée de terre après trois tentatives infructueuses.

Méprisé, montré du doigt et roué de coups à la récréation, Epatamment développe un caractère renfermé et introverti et s'évade de la dure réalité en s'enfermant dans son armoire normande.

[Fin de la notice biographique]

En quoi cela vous concerne-t-il? Rien de plus simple, vous avez juste besoin d'une soirée mondaine ou autre pot de thèse, organisé par un hôte (ou une hôtesse) vous ayant préalablement invité. Après être arrivé au lieu de la soirée mondaine (ou au pot de thèse) et vous être débarrassé de votre pardessus, marchez à la rencontre de l'hôte et, tout en le saluant avec déférence, exclamez-vous le plus naturellement au monde : "Mais Jacques, ce costume vous va épatamment !", avant de lui serrer la main, un sourire triomphant vissé au lèvres. [N.B. Si l'hôte en question se nomme Jean-Claude, ne l'apostrophez pas d'un "Mais Jacques !", mais plutôt d'un "Mais Jean-Claude !", afin de ne pas ruiner brutalement votre effet.]

Mais je ne puis rester plus longtemps en votre douce compagnie, déjà le devoir, la veuve et l'orphelin m'appellent et déjà je vole à leur secours, les ailes déployées, et je vous mets au défi de venir m'égaler.