"Up above the world I fly, like a tea tray in the sky"

Bienvenue dans mon humble demeure. Essuyez-vous les pieds en sortant.

mercredi, avril 22, 2009

Déréliction passagère


A force de toujours tout faire au dernier moment, au dernier moment du dernier moment, au dernier moment même quand le dernier moment est passé, il y a bien un moment où ça ne passera plus non? Je vais finir par croire que je suis protégé des dieux, sous la garde d'une bonne étoile ou de Joséphine. Non je n'y croirai pas finalement.
Coil
Kings of Convenience
Gold in the Air of Summer
Il y a un bout de temps, à quelques encablures de chez moi dans le 15ème, où l'on ne croise que très rarement de touristes, j'ai rencontré ce monsieur australien à la moustache fournie dont j'ai oublié le nom. Les noms s'oublient plus vite que les moustaches, syndrome de notre époque en déliquescence. La moustache n'est plus de mise. Le bonhomme australien en affichait une belle pourtant, de moustache. Un peu à la Georges Brassens, mais tant que ça finalement. Il était en galère je ne vous raconte même pas. Déjà il avait un putain d'accent et il parlait super vite, vachement nerveux et tout, comme s'il devait me révéler une information de la plus haute importance dans le laps de temps le plus court qui soit, du fait des tueurs sanguinaires et résolus lancés à ses trousses. Dans un film c'est là qu'il aurait dû mourir avec m'avoir glissé nerveusement à l'oreille :
Hmm..
" - Je sais qui a tué Kennedy! C'est aaaaaaaaaaaaargh.....
- aaaaaaaaaaaaargh? que j'aurais alors répondu, je ne connais personne de ce nom! Pouvez-vous me répéter son nom? Mais parlez bon sang!" aurais-je alors éructé avant d'apercevoir le regard sans vie de mon interlocuteur, puis le poignard dans son dos ou la fléchette empoisonnée dans son cou. Aurait alors commencé pour moi une nouvelle aventure palpitante et haute en couleurs. Mais nan. Mon moustachu ne voulait que des thunes pour prendre un nouveau ticket, même que ça lui pesait tellement de demander de l'argent que je ne comprenais rien à ce qu'il voulait. Je lui ai donné dix euros, rien que pour sa moustache.
Elixir parégorique


J'ai des passions soudaines qui débarquent soudain sans crier gare, puis prennent contrôle de mon cerveau pour quelques jours ou quelques semaines. Des passions fluctuantes qui s'articulent les unes aux autres selon un schéma sibyllin étranger au monde réel. Cela me sauvera. Vous en saurez bientôt plus sur Nicolas Tesla, c'est promis.
Euh.
Vous croyez aux coïncidences? C'est sacrément étrange les coïncidences, j'adore les coïncidences même si elles ne restent que des coïncidences. Par exemple, à un jour d'intervalle et dans deux livres différents je suis tombé sur l'expression "élixir parégorique", n'est-ce pas proprement extraordinaire? Et cela m'arrive assez régulièrement. Un signe du Destin? Pour les incultes, un élixir parégorique est un médicament qui appaise la douleur, grosso modo, j'ai oublié mon carnet de mots bizarres dans ma tour lointaine.
Frontier Psychatrist.
Le gars en face de moi est américain, je le sais. Je suis en salle informatique. Je désteste avoir des gens en face de moi et plus encore dans mon dos. Mais je n'ai pas le choix. Le gars en face de moi est américain et il doit trouver ça cool puisqu'il ne peut pas s'empêcher de lancer épisodiquement des "Oh God !" et des "I didn't know that" juste assez fort pour que tout le monde l'entende. Peut-être fait-il ainsi car il est assis à côté d'une demoiselle, demoiselle qui est donc en face de moi sur ma gauche et qui remue étrangement de la tête comme si elle écoutait de la musique mais je n'ai pas aperçu d'écouteurs dans ses oreilles, à moins que ce ne soient des écouteurs invisibles comme ceux de Nicolas Sarkozy. Bref le gars en face de moi est américain. Et il tousse. Il renifle. Il présente tous les symptômes de la grippe porcine. Bon cela aurait pu être pire, il aurait pu être mexicain; Il y a plein de mexicains ici. Mon Dieu je suis perdu.

mardi, avril 21, 2009

Leçon du monde fluctuant


Je fréquente les bibliothèques municipales. Dans les bibliothèques municipales on trouve parfois de bien étranges créatures : les employés de bibliothèque municipale. Sous couvert d'avoir été engagés pour le bon fonctionnement de la bibliothèque, je les soupçonne d'activités autrement plus subversives, tellement subversives qu'elles leur prennent tout leur temps et leur concentration, si bien qu'une action aussi banale qu'enregistrer un livre pour un prêt devient une épreuve redoutable, le treizième travail d'Héraklès, un mystère encore plus amphigourique qu'une énigme du Père Fourras. Et le monsieur chargé des prêts à la bibliothèque André M., je l'ai démasqué, j'ai acquis la certitude qu'il est un agent dormant n'ayant aucune des qualifications requises nécessaires à son métier.

Tout commença un doux vendredi de printemps, dont la date exacte s'est perdue dans les tréfonds de mon âme tourmentée. Après avoir fureté un bon moment le long des rayons à la recherche de l'ouvrage qui allait changer le cours de ma vie, j'optai pour "Moon Palace" de Paul Auster et "En terre étrangère" Herbert Heinlein (dont la couverture prouve une fois de plus, ai-je besoin de le rappeler, que Dieu n'existe pas ou du moins qu'il a vraiment des goûts de merde). Une fois mon choix fait, je me dirigeai vers le guichet "prêts" et fit donc la découverte de cet étrange personnage. Avant même d'avoir eu l'idée de me rendre mon bonjour, ce monsieur au gilet rouge avait eu le temps de dire "roooh merde!" une bonne demi-douzaine de fois. Au moins cinq autres "roooh merde!" furent nécessaires pour qu'il parvienne à enregistrer mes livres. Afin de le confondre définitivement, je lui demandai d'une voix douce et innocente la date fatidique où je devrai rendre un autre de mes livres, ce qui sembla le plonger dans un embarras terrible même s'il parvint finalement à me répondre, au prix d'un effort de concentration phénoménal. Vous l'aurez compris, je soupçonne une tentative de grande envergure de déstabiliser notre société, un complot se trame, une vaste et inique conjuration, on conspire et intrigue dans mon dos mais j'ai remarqué que quelque chose ne tournait pas rond, je l'ai remarqué dans cette bibliothèque. Dans l'exemplaire de Moon Palace que je suis en train de lire, quelqu'un a pris le soin de souligner rapidement des mots ou expressions au criterium. Et ce n'est pas tout. Au début du livre, l'inconnu a souligné des phrases entières et a souvent pris soin ensuite de les effacer à la gomme, à moins que ce ne soit un complice ou une tierce personne. En voici quelques exemples :
- "je n'avais aucune fois en l'avenir" (p. 11, le livre commence à cette page),
- "En réalité, j'ai bien failli ne pas y parvenir" (p. 11)
- "J'ai parcouru le désert, de l'Utah à la Californie" (p. 11)
- "Tels quels, ces cartons me furent en réalité très utiles" (p. 12)
- "Il n'y a pas grand chose à raconter sur ma famille." (p. 14, à moitié effacé)
- "Je ne possède aucun portrait de ma mère et j'ai du mal à me rappeler son apparence." (p. 15, presque complètement effacé).
- "... des romans et des pièces de théâtre, des livres d'histoire et des guides de voyages, des manuels d'échecs et des polars, de la science-fiction et des ouvrages de philosophie" (p. 43, à demi effacé)


Le nombre de phrases soulignées est important au début de l'ouvrage puis disparaît presque totalement au fil des pages. Il est toutefois important de constater que toutes les dates mentionnées,absolument toutes, sont soulignées d'un trait vif.

A partir du tiers de l'ouvrage, il est très rare de trouver des mots soulignés mais ils existent cependant, soulignés d'un trait chirurgical, net et précis. Contrairement au début du livre, il s'agit là plus souvent de mots ou de brèves expressions que de phrases :

- "Chinatown" (p. 291)
- "rétribution cosmique" (p. 293)
- "digressions" (p. 296, complètement effacé)
- "Vingt mille dollars en espèces." (p. 312)
- "Hiroshima" (p.345)
- "d'une obésité titanesque" (p. 361, effacé)
- "coincidence" (p. 363)


Cette liste n'est bien évidemment pas exhaustive mais de nombreuses interrogations se posent automatiquement. J'ajouterai que le milieu de l'ouvrage est presque totalement exempt de soulignements.

Pourquoi a-t-on pris soin d'effacer certains soulignages pour en laisser d'autres en évidence? Je n'ai pas fini ce livre mais cela ne saurait tarder, et j'espère que cela me permettra de percer ce mystère. Peut-être devrais-je relever tous les mots et toutes les expressions soulignés, répertorier ceux qui ont été effacés en partie, effacés totalement ou pas du tout effacés, les classer méticuleusement en fonction du numéro de la page, de leur champ lexical, du thème du paragraphe ou de ce qu'ils apportent à l'histoire. Peut-être y découvrirai-je alors une vérité masquée, cachée à la face du monde et qui changerait l'univers. Peut-être était-ce une indication, des indices sur une éventuelle voie à suivre. Peut-être devrais-je moi aussi souligner discrètement voire annoter tous les livres que je lis. Ou peut-être pas.

J'ai terminé le livre. A la dernière page, deux mots sont soulignés d'un trait sec. "Chine" et "lune". Chine et lune. Chine et lune. Pourquoi?

vendredi, avril 17, 2009

Holothurie Tubuleuse Rampante

Ouhlalala...

Quand nous chanterons le temps des cerises
Et gai rossignol et merle moqueur
Seront tous en fête
Les belles auront la folie en tête
Et les amoureux du soleil au cœur
Quand nous chanterons le temps des cerises
Sifflera bien mieux le merle moqueur....

Ben ça faisait longtemps hein. Oui bien longtemps. Pourtant il s'en passe des choses. Mais je n'ai pas internet non. Je l'aurais l'an prochain. Internet.

Pourtant il s'en passe des choses, répéta-t-il, en même temps vu le prix du loyer heureusement qu'il s'en passe des choses. Et je vous parle même pas des pains au chocolat ni de l'électricité, de l'eau, des places de concert, des cafés en terrasse et autres tickets de RU (2,85 euros le ticket de RU, ils ne reculent devant rien). C'est assez marrant à prononcer "répéta-t-il", ça met tout de suite de bonne humeur, vous devriez essayer.

J'ai croisé aujourd'hui une immense femme aux yeux rougis. En fait non ce n'était pas aujourd'hui, mais il y a quelques jours. Quelle importance au fond? Une belle et grande femme aux yeux tristes. Il est bon de savoir que les grandes et belles femmes sont tristes elles aussi. D'habitude je n'aime guère les grandes et belles femmes, elles sont grandes et puis elles sont belles, alors quel intérêt? Oui mais là, noyée dans la foule, elle avait les yeux bleus encore rouges. Une tristesse digne, toute en retenue. Un regard vacillant mais fixé droit devant.

1884 : 107 projets de tour de 300 mètres pour l'exposition universelle de Paris de . Un seul retenu. Un jour j'irai rendre visite aux 106 autres. Il doit bien en avoir quelques unes de farfelues, j'aime les idées farfelues. Il y a bien un original qui a imaginé une tour en porcelaine, en plumes d'autruche ou même en pâte à sel, et moi j'en veux les plans, les plans d'une plus haute tour.

Combien de gens utilisent encore l'expression "barre chocolatée"?

Demain les gens de la police
Refleuriront sur le trottoir,
Fiers de leurs états de service,
Et le pistolet en sautoir.
Sans pain, sans travail et sans armes,
Nous allons être gouvernés
Par des mouchards et des gendarmes,
Des sabre-peuple et des curés.